Christian Wiener, président d'Unicef Belgique, revient d'Haïti.
Est-ce que tous les habitants de la ville de Port-au-Prince reçoivent de l'eau potable, maintenant? Port-au-Prince avait un très vieux système de distribution d'eau, qui a été complètement démoli avec le tremblement de terre. Avant le séisme, il y avait de l'eau deux heures par semaine en fonction du quartier où on se trouvait. Maintenant, dans beaucoup d'endroits, l'eau coule presque toute la journée à des robinets, filtrée et potable, grâce aux humanitaires.
Les gens ont-ils de quoi se nourrir? Ils ne mangent peut-être pas complètement à leur faim. Mais il n'y a plus de crise de famine comme les premiers jours. Les gens se remettent à travailler. Ils ne sont pas payés beaucoup mais ils retrouvent la dignité de travailler, et un peu d'argent pour s'acheter un minimum de nourriture.
Et les latrines (toilettes)? A Port-au-Prince, globalement, les besoins sont couverts. C'est une des toutes premières actions des organisations humanitaires. Des milliers de latrines qui ressemblent à nos cabines dans les festivals, fêtes... ont été livrées depuis la République domicaine voisine. Mais il faut apprendre aux gens à s'en servir, car c'est un modèle de toilettes qu'ils ne connaissent pas... Sur le champ de Mars, la place devant le palais présidentiel, il y a 400 toilettes pour 20 000 personnes.
Certains camps de réfugiés sont à des endroits risqués en cas de fortes pluies. Que fait-on? Les camps dans les zones inondables sont identifiés. On essaie de pousser les gens à déménager. Ce n'est pas facile, il faut y aller avec vraiment beaucoup de tact: Ces camps sont aussi occupés par des gens qui ont encore leur maison debout même si elle est fêlée. Ils n'ont pas toujours envie de s'en écarter de peur qu'on ne vienne l'abîmer. On ne peut pas les emmener de force dans un autre camp, qui est bien souvent loin à l'extérieur de la ville.
Quel est l'état d'esprit des Haïtiens? Ils ont une nature assez enjouée et, heureusement pour eux, une énorme foi. Ils se confient et trouvent beaucoup de réconfort dans la religion. Ils sont convaincus qu'un esprit supérieur ou un dieu veille sur eux.