Le rendez-vous pour le départ est encore bien matinal aujourd'hui: 7h15! Nous partons dans une voiture privée avec deux grandes étiquettes "Presse" devant et derrière le véhicule. Au programme: une journée en "zone rebelle". Nous allons à Rutshuru.
Nous passons une première barrière gardée par les soldats de l'armée congolaise. Quelques centaines de mètres plus loin, une autre barrière est tenue par les soldats du CNDP, un groupe rebelle.
On croise des hommes armés qui vont chercher de l'eau dans des bidons jaunes, qui marchent sans se presser, qui sont assis... C'est plutôt calme, donc. Les gens marchent, portent des lourdes charges sur la tête ou poussent un vélo ou un tchukudu. Nous admirons les paysages splendides du parc Virunga: malheureusement, la guerre a fait disparaître de nombreux hippopotames, babouins, gorilles, et autres animaux de ce parc. J'ai beau chercher, pas le moindre éléphant ni la moindre girafe à l'horizon...
Nous arrivons à Rutshuru vers 10h45. Jérôme, un Français qui travaille pour l'organisation Solidarité, partenaire de l'Unicef, nous accueille. Il nous montre un ancien camp de déplacés. On ne voit rien... C'est normal: des hommes du CNDP ont chassé les gens qui vivaient là et ont mis le feu au camp!
On se rend ensuite à un camp spontanné à Kiwanja.
Les gens n'ont guère reçu d'aide jusqu'à présent, notamment parce que les conditions de sécurité n'étaient pas assurée pour les organisations humanitaires. Ici encore, les gens viennent témoigner, demandent qu'on prie pour eux, répètent "nous voulons la paix!"... Le mot "insécurité" revient sans cesse. Trésor me raconte notamment qu'il a failli se faire prendre par les troupes du CNDP. On sent que les gens ont peur. Il fait très chaud. Plus de 30°.
Au centre de Rutshuru, nous sommes attendus : inspecteur d'école, directeurs, enseignants, parents. Ils nous parlent de l'état désastreux des écoles. La guerre laisse des traces... L'inspecteur doit se rendre à Goma pour présenter un rapport sur la situation de sa zone. Nous l'emmenons avec nous.
En cours de route, nous faisons arrêt à Rubare. L'école y est fort endommagée. Sur le marché, les tables des échopes sont loin d'être toutes occupées. Explication: beaucoup de gens ont fui et ne sont pas encore revenus.
Nous repartons sans traîner. Pour des raisons de sécurité, il nous faut être rentrés à Goma avant 17h30. Le soir, je suis soulagée: la douche m'offre généreusement son eau. Avec toute la poussière que nous avons avalée aujourd'hui, ça fait un bien fou! Jean-Pierre a moins de chance: l'eau cesse de couler alors qu'il a du shampoing plein les cheveux... On se détend en admirant un magnifique coucher de soleil sur le lac Kivu. Des pirogues voguent sur l'eau.
Nathalie