Avec «Trois petits tours», son 7e album, Thomas Fersen, magicien des mots et des ritournelles vous emmène en voyage à bord d'une valise nommée Germaine. Lisez son interview sur Showcase et regardez-le présenter son album en vidéo.
Le monde de Thomas Fersen est peuplé d'êtres étranges et familiers. On y pénètre par une toute petite porte et on en ressort jamais complètement indemne. Rencontre avec un magicien des mots.
Ce 7e album se développe autour d'un même thème : la valise.
Je n'étais pas parti avec l'idée de faire tourner tout un album autour d'un même thème. Mais j'ai écrit cette chanson Germaine et je n'ai pas pu tout mettre dedans. Des idées m'étaient venues, j'en ai donc fait une deuxième. Puis trois, quatre...
C'est aussi une façon pour moi de donner une identité au disque, j'aime qu'il se singularise.
Malheureusement, Germaine ne profitera pas du voyage. Dans la vraie vie, elle a eu une fin avec moins de panache que dans la chanson. Sa fermeture éclair a lâché mais ça, on n'en fait pas une chanson.
Le voyage vous tient particulièrement à coeur ?
Je suis un adepte d'une certaine forme de voyage, sans paysages. Je passe plutôt d'un intérieur à un autre. De celui d'une voiture à celui d'un train, d'un hôtel ou d'une loge. Ce sont des voyages où je vois des espaces assez clos. J'aime le déplacement, le mouvement. Une de mes sensations préférées est le train qui démarre. D'un seul coup, j'ai toujours ce même réflexe pavlovien de l'école buissonnière.
Comment arrivez-vous à faire passer ces sensations dans vos textes ?
Ça ne se passe pas dans ce sens-là. Les idées me viennent, une formule me plaît. Parfois, il y a des formulations qui évoquent justement ces sensations. C'est pas tant l'idée que la formulation de l'idée qui est importante. Quand on s'acharne à décrire une sensation, on la tue.
(Thomas Fersen présente son disque sur France2)
Vous avez tendance à humaniser les objets. Vous cherchez à vous protéger ?
On donne tous une personnalité aux objets. Certains, comme ma valise, nous rassurent parce qu'ils évoquent quelque chose de familier difficile à définir. C'est parfois le souvenir de quelqu'un ou d'une sensation ancienne. Il y a un écho avec l'inconscient. On investit beaucoup d'humanité dans les objets.
Vous êtes revenu à votre bon ukulélé. Pourquoi y êtes-vous si attaché ?
C'est surtout pratique. C'est un instrument dont je peux jouer couché. Je travaille couché dans mon lit. Punaises, c'est une chanson que j'ai faite entièrement sur mon lit alors que c'est une chanson où je suis censé partir très vite.
Ça faisait longtemps qu'il n'était plus apparu dans vos compositions.
Jusqu'à Germaine, toutes les idées que je trouvais tournaient mal au ukulélé. Mais avec ce titre, j'ai trouvé toute la grille et j'ai eu envie d'une chanson un peu narrative. J'ai fini par trouver et j'en ai écrit d'autres. C'est marrant, c'est comme s'il fallait que les instruments fassent un certain stage avant d'être intégrés.
Vous avez fait confiance à Fred Fortin pour les arrangements.
C'est un auteur-compositeur-interprète que j'adore. Il fait partie de mon panthéon personnel. Ça faisait des années que je voulais lui confier ce travail. Je lui ai donné les chansons en ukulélé-voix, comme je les avais composées, et il les a habillées entièrement. Il a fait ce qu'il a voulu et ça m'a plu.
Il n'y a qu'une chanson qui n'a pas marché, mais ce n'était pas de sa faute. Elle avait un vice. Parfois, on se dit que ça va passer avec l'arrangement, que c'est ça qui manque... Mais le vice était toujours là.
Qu'est ce que vous entendez par là ?
Elle contenait deux idées qui la tiraient dans des directions opposées. Quand on l'écoute, il y a un moment où on se perd. Mais c'est de ma faute. J'avais une idée de départ, puis j'en ai eu une autre, et par paresse, plutôt que de commencer une autre chanson, je me suis dit Tiens, on va les coller ensemble ces deux-là. Il a bien fallu que je me rende à l'évidence, elles étaient voisines, parentes, mais elles n'allaient pas ensemble. Mais je vais m'en servir pour le spectacle.
Interview:
Fanny GUILLAUME
i - Thomas Fersen, album « Trois petits tours », Tôt ou tard, Warner. En concert à l'Ancienne Belgique le 13 mars 2009.
@ - Le MySpace de Thomas Fersen
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