Une première AB, c’est vrai, c’est jamais facile. Surtout dans le chef d’un artiste engagé qui sort un second album conceptuel aussi proche de son premier essai, «Hotel Impala», que le Kivu est proche de Kinshasa. C'est justement à Kin que le rappeur mué en crooner à baskets a goupillé son fort joli «Kinshasa Succursale». Même si ce disque, qui compte six nouveaux morceaux, transforme pour le reste d’anciennes créations. Baloji a drainé le public hip hop pendant des années. Le voici qui drague les bobos fanas de world et les auditeurs de «Le Monde est un Village». De quoi déboussoler les fidèles.
Pour ce live, les musiciens Congolais qui l’ont encadré pour l’enregistrement, dont les fameux Konono N°1 qui ont collaboré avec Björk, n’ont pu se déplacer. Mais ils ont été remplacés par un «Orchestre de la Katuba» composé à Bruxelles par des potes du rappeur : des cordes et des percussions congolaises, un trio de cuivre belge et une choriste à la voix soul à qui Balo, conquis, donnera du «black» pendant tout le concert. Ainsi que des danseurs déguisés en
C’est ce «Karibu Ya Bintou», joué en toute fin de set avant le rappel, qui restera le meilleur moment de la soirée. On adore le clavier sursaturé de Konono, une vague de frisson, l'effet d'une première neige à Matonge. Le public scande le titre comme un slogan et Balo sautille, rageur, mais sourire jusqu’au plafond. Il est dans le match dans son costard écru lui allant comme la méfiance à un ministre des affaires étrangères en visite chez Kabila. On retiendra le rappel aussi, entamé sur les chapeaux de roue par un morceau en rumba congolaise absolument transcendant, qui a retourné une salle suant comme un jour de marché. C’est d’ailleurs lorsque Baloji retourne franchement à ses racines et exploite au mieux les percussions qu’il convainc le mieux. On l’aime moins lorsqu’il se fait soul, voire funk, lorsque ses cuivres prennent le dessus. Même s’il avoue en début de concert que ces influences font aussi partie de son inconscient black. On comprend aussi qu’il adore jouer sur son physique sponsorisable (et sponsorisé).
Enfin, signalons le courage de Baloji. Car en plus d’offrir au Congo une exposition via les collaborations sur «Kinshasa Succursale», le rappeur insiste sur l’aspect artistique de sa démarche. Intègre, il le conçoit comme un hommage à ses origines. Et uniquement. Pas question pour lui de tomber dans une surenchère commerciale indécente, même s'il faut bien vivre. D’où sa colère et la petite pique à sa maison de disques en début de live, qui n’aurait pas trop apprécié que Baloji offre son CD avec un hebdo culturel de notre paysage francophone… Nous par contre, on avait apprécié autant que le concert.
Julien RENSONNET
@ - http://www.baloji.com/
@ - http://www.myspace.com/baloji
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