Ah, si tout le monde pouvait écouter Robyn... Car si au fil de sa trilogie Body Talk, la petite Suédoise apparaît de plus en plus à nos oreilles comme le messie de la pop mainstream, une grande majorité d’auditeurs de peu de foi continue à lui préférer les idoles Madonna ou, pire, Lady Gaga, crucifiées sur l’autel de la rentabilité. Pourtant, en préférant dès 1994 son premier prénom à son second comme nom de scène, Robin Miriam Carlsson a tout fait pour assumer ce loup du superhéros qui sauverait la pop. Oubliant ses treillis de punk à chien, Robyn a même revêtu les atours colorés et sexy des squatteuses des tops 50.
Sa trilogie Body Talk, gymkhana de 3 disques et 21 chansons goupillés en une année à peine, est l’arme parfaite de sa croisade. Louvoyant entre synth-pop eighties, dance trancy nineties, hip hop, dancehall et electropop bonbon des années 2000, elle y scande avec humour et savoir-faire des textes un brin provoc de nana qui sait où elle va et qu’on n’a pas intérêt à emmerder. Bondissante et impulsive, Robyn n’était pas à l’abri de quelques déchets sur les deux EP qui précèdent ce Body Talk. Mais elle se fait plus exigeante sur ce disque en forme de bilan, mini best of composé de 5 inédits (Body Talk Pt. 3 dont le single Indestructible) et des meilleurs titres des Pt. 1 et 2.
Dans sa musique, une fantaisie de magasin de jouets côtoie les néons criards des compiles de stations autoroutières, le glaçage vanillé des cupcakes assaisonne la découpe rageuse du bœuf haché de la fast-musique. Robyn, c’est un peu Lily Allen et MIA dans le même corps chétif. On l’écoute le matin en se brossant les dents pour gagner le courage d’aller grossir les bouchons. Ou le soir en se brossant les dents pour gagner la pêche d’aller grossir le dancefloor.
Malgré ce passage au tamis, malgré une abnégation qui lui valent d’être adoubée par les grands conducteurs de pensée actuels - collaboration avec Röyksopp, Diplo ou Snoop Dogg, note de 4/5 dans le Guardian et 8,7/10 sur le blog indie Pitchfork), le siège de la peroxydées suédoises au pied des murs de la pop grand public ne fait qu’ébrécher le règne des usurpatrices. A qu’elle extrémité devra-t-elle en venir pour devenir «Star 4-Ever», puisque Body Talk est déjà la bombe atomique? Se glisser dans la facilité et les tenues SM de
Julien RENSONNET
i - Robyn, Body Talk, Konichiwa/Island/Universal
@ - http://www.myspace.com/robynmyspace
i - Robyn live à l'AB le 10 mars (complet) et à Werchter le 3 juillet
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