La musique fait fit des races. Le métissage entre soleil world et synthétique électronique n’a jamais autant turbiné. On a connu Diplo, Buraka Som Sistema ou MIA, mixant dans un même blender Brésil, Inde, Angola, Miami et Londres. On danse depuis janvier sur les métis anglo-basques de Crystal Fighters. Et voilà que Rainbow Arabia fond plages californiennes, tambours africains, bois caribéens, chants maoris, chœurs moyen-orientaux et gongs asiatiques dans son electropop chamarrée.
Bidouillé, syncopé, éclaté, Boys & Diamonds en appelle autant à la pop des années 80 qu’aux métissages baroques de 2011. On avait fait connaissance du duo de LA sur une compil Kitsuné avec leur Holiday in Congo dont la saturation rappelait Konono N°1. Sur sce premier LP, il continue son voyage dans le temps et dans l’espace. Le chant de Tiffany rappelle Fever Ray. Les synthés vintage de son amoureux Dany poignent dans la noirceur de The Knife. Arc-en-ciel discoïde et hédoniste, Rainbow Arabia drague aussi bien Hot Chip (Blind, au titre déjà vu, ou la perle afro-caribéenne Jungle Bear) et LCD Soundystem (Sequenced). Avec l’écho fantomatique et crépusculaire un peu kitsch de Crystal Castles (on n’ose citer Enigma), ils chatouillent le mauvais goût comme un impressionniste la lumière.
Quittant dunes et oasis, Rainbow Arabia plonge aussi dans les fonds marins. Ses bulles, blips et blops éclatent parfois au sein d’un concert pour sonars de baleines (Papai). Preuve que le sonar du label Kompakt, cétacé techno de Cologne d’habitude orienté vers un krill plus martial et minimal en voie de disparition, a pu renouveler son acuité pour éviter l’inanition.
Julien RENSONNET
i - Rainbow Arabia, Boys & Diamonds, Kompakt/NEWS
@ - http://rainbowarabia.bandcamp.com/album/boys-and-diamonds
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