Petite princesse venue du royaume danois, Agnes Obel enchante avec ses doigts de fée délicatement posés sur le piano. Elle était ce mardi au Vieux Moulin d’Ecaussinnes pour nous conter quelques pages de son premier album, l’essentiel «Philarmonics». On y était.
Des nanas au piano, on ne les compte plus. Mais Agnes Obel a quelque chose de neuf. Ou plutôt d’ancestral. De viscéral. De primordial. Princesse viking aux tresses de blé serrées sur un pâle visage fin, la Danoise offre une pop au parfum d’humus, d’herbe humide après la pluie, de champ labouré. Par la charrue ou le destrier. Son délicat «Riverside» est presque médiéval. On jurerait y entendre harpe ou luth alors que seules des cordes de violoncelle et de guitares soutiennent sur son disque les touches en noir et blanc de son piano.
Agnes Obel a l’authenticité des paysages scandinaves, la ferveur des vagues, la froideur des pierres et la chaleur des flammes. Des flammes qui justement lui léchaient les fesses ce mardi à Ecaussinnes, où PIAS nous avait convié à un showcase de la jeune conteuse danoise. Comme lors d’une veillée à l’écoute d’Andersen, le parterre était toute ouïe avant que son hôte ne s’envole raconter ses textes à l’Oncle Sam.
«C’est un très bel endroit, avec le château et tout ça, sourit-elle timide pour lancer «Over the Hill» qu’elle dédie au lieu si rustique. Par contre, je ne sais pas du tout où je suis en Belgique. Quelque part pas loin de Bruxelles, mais à part ça…» Comment ne pas fondre devant cette candeur presque enfantine qui contraste tant avec la maturité de la voix et l’assurance des mains sur le piano.
Extrêmement talentueuse, troublante dans sa réserve, envoûtante dans son application exaltée, Agnes Obel est cette fille de pasteur protestant qui brave l’interdit du père pour entraîner ses doigts sur l’orgue du presbytère.
Douce et belle comme sa musique, la Danoise referme son livre sans faire de bruit, arrivée au point final après 5 chapitres trop courts, dont le single «Just So», et un rappel instrumental inédit en forme d’épilogue. Sous les poutres du Vieux Moulin d’Ecaussinnes, le public ne succombe pas au marchand de sable. Agnes Obel n’a pas le même effet qu’Andersen. Ses chansons captivent trop pour endormir. Même au coin du feu.
Julien RENSONNET
i - Agnes Obel, «Philarmonics», PIAS
i - En concert aux Nuits Botanique le 17 mai
@ - http://www.myspace.com/obelmusic
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