On ne peut pas dire que le rock néo-zélandais fasse la une des magazines musicaux dans l'hémisphère nord. A part The Datsuns et, à la limite, Phoenix Foundation, les Kiwis qui cartonnent chez eux ne réussissent pas souvent à passer l'équateur. Ce qui rappelle un peu la scène belge, finalement.
La situation pourrait bien changer avec l'arrivée sur la scène mondiale des tout jeunes et pas tellement tout bronzés The Naked & Famous. Avec leur tube évident Young Blood (notre vidéo), passé en BO de Gossip Girl, ils apportent en effet du sang neuf au paysage musical océanien. Habillés de noir, limite gothiques avec leurs combat shoes, les 5 Néo-Zélandais ont en tout cas retourné une Rotonde au public juvénile ce jeudi soir au Botanique.
Il faut dire que leur enthousiasme pop s'approche de l'énergie de Robyn, que leur puissance électronique un peu vulgaire rappelle la grande époque big beat de Chemical Brothers, et que leur rugissante envie rock défoncerait les tympans du plus aguerri des métalleux. Mais là où The Naked and Famous pourraient se contenter d'une facilité mélodique à donner la nausée typique des Killers (les dieux du rock les en préservent !), ils complexifient leurs morceaux d'un brouillard noise irradiant carrément post-rock mais pourtant diablement joyeux. Comme des XX qui auraient inhalé du gaz hilarant. Fermez les yeux, inspirez, encaissez !
Avec leurs trois claviers abonnés aux ritournelles immédiates (voire parfois aussi simplistes qu'un jingle), leur batterie aux résonnances électronique eighties, leurs riffs parfois volontairement ringards et la voix féminine, le quintet kiwi pousse aussi vers une new new wave absolument euphorisante. Même si elle frôle le hold-up tant elle est évidente. Les Néo-Zélandais, qui ont autant écouté Cure que Underworld et Passion Pit, cultivent aussi un sens de la montée, de la mise en haleine et de la relance rarissime dans leur créneau musical. Pas étonnant qu'ils plaisent aux kids. Réjouissons-nous: tout ça épargnera aux tympans plus âgés les affres de la turbine.
On n'ira pas comme d'autres juqu'à les taxer de MGMT down under car leur pop, loin d'être torturée, est trop directe, évitant tout méandre. Mais s'ils n'ont pas mis à nu leur inspiration sur leur premier album sorti ces jours-ci, le nom de scène des Naked & Famous risque bien de s'avérer prophétique.
Julien RENSONNET,
photo Cédric ROSENBAUM
i - The Naked & Famous, "Passive Me, Aggressive You", Universal
@ - http://www.myspace.com/thenakedandfamous
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