Pour sa vingt-et-unième édition, le festival international Jazz à Liège restait fidèle à sa formule distillant les concerts dans les cinq salles du site du Palais des Congrès de Liège en bord de Meuse. La soirée de samedi se présentait comme une gigantesque fête de l’instrument-roi du jazz, le saxophone, avec, entre autres, trois des personnalités les plus en vue ces dernières années : Stefano di Battista, David Murray et David Sanchez.
La salle des 1000 était quasi remplie pour accueillir le saxophoniste italien et son nouveau projet « Women’s Land », hommage à quelques grandes personnalités féminines. On attendait avec impatience de voir comment la sauce allait prendre entre le leader et deux de ses nouveaux partenaires, le batteur Jeff Ballard – accompagnateur attitré de Brad Mehldau et présent ici même l’an passé avec Mark Turner – et le guitariste américian qui monte Jonathan Kreisberg. Et on n’allait pas être déçu ! Le jeu très expressif du saxophoniste colle à merveille aux couleurs apportées par Jeff Ballard ainsi qu’aux sonorités électriques du guitariste. L’hommage à « Anna » (Magnani) tout en retenue et finesse rivalisait avec l’élégance de « Coco » (Chanel) dans une première partie raffinée avant une seconde envolée rappelant les années folles. « Lara Croft » apparaît tout en énergie électrique, musique aventureuse et énergique, avant un rappel sous forme de tribut swing à Ella Fitzgerald.
Le club « Maison du Jazz » accueillait lui un de nos saxophonistes-phare de ces dernières années : ouvert à de nombreuses influences, Manu Hermia semble avoir trouvé avec son nouveau trio un voie qui lui sied à merveille : si on pense à John Coltrane, le saxophoniste belge a dans cette nouvelle formule trouvé un son
David Sanchez était là en invité d’un pianiste cubain dont on reparlera à coup sûr : Harold Lopez-Nussa a ce sens du rythme propre aux musiciens cubains, mais avec un grain de folie en plus. Si Sanchez n’apparaît sur scène qu’en deuxième partie de programme, il le fera dans la continuité de ses partenaires : avec fougue et chaleur.
On attendait David Murray comme la figure de proue du jazz noir américain et on n’allait pas être déçu : on a eu la chance de découvrir un Murray en pleine forme, alternant mélodies suaves et déchirements free jusque dans l’aigu absolu, délivrant près de deux heures de musique inspirée sur des compositions personnelles, pièce de Thelonious Monk, hommage à Coltrane et pièce de … Stravinsky ! Du grand jazz par un quartet où seul le nom du leader faisait référence, mais où les accompagnateurs se révélaient être de haut vol : fantastique batteur
Avec Jacques Schwarz-Bart, autre grand ténor au programme de ce samedi enfiévré, on passait à des accords plus subtils et une sonorité plus confidentielle. Les sidemen ne manquaient pas de se mettre à l’unisson du leader : Sal La Rocca, Dré Pallemaerts et l’inventif pianiste Baptiste Trotignon se fondaient à merveille dans cet univers d’une grande richesse. Pendant ce temps, la grande salle de la « Loterie Nationale » vibrait aux rythmes de l’afro beat de Tony Allen associé au sax-ténor du dandy Jimi Tenor.
Malgré la rude concurrence du « clasico » footballistique de ce samedi soir, le public avait répondu largement présent et la soirée du vendredi se révéla aussi être un énorme succès populaire…De bon augure pour la suite de l’aventure jazz au Palais des Congrès liégeois.
Jean-Pierre GOFFIN
Photos Jos KNAEPEN
@ - http://www.jazzaliege.be/
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