On s’enthousiasmait en mars des rythmes arabo-caribéens de Rainbow Arabia. Voici que redébarquent de Manhattan leurs plus proches parents. Ou plutôt, avec 40 ans de moyenne d’âge et un 5e album enregistré entre deux pétards, leurs oncles hippies toujours très verts.
Car avec Eye Contact, la pop expérimentale de Gang Gang Dance condense en 7 titres mâtures et trois interludes toutes les folles ambitions et les croisières exotiques de la pop expérimentale actuelle. Sur une structure… déstructurée carrément anti-pop.
Raps impromptus, ghetto tech à la Diplo (MindKilla), jingle de téléachat (Chinese High), emprunt j-pop (Sacer), funk bollywoodien (Romance Layers avec Alexis Taylor de Hot Chip), appels du muezzin (Thru and Thru, notre extrait ci-dessous), musique de resto thaï, percussions de stades de foot ivoiriens, distorsions nauséeuses. Le tout généralement enfumé de claviers vintage trop kitschs pour être entendus à jeun (interminable intro Glass Jar). Un dessert interminable, un repas gastronomique qui ne compterait que le sorbet et les caramboles de décoration que sucerait cette mouche, gros plan humide de la bigarrée pochette.
Harangué par les mantras chamaniques de Lizzi Bougatsos, ahurie diva qui rappelle Santigold, MIA, Crystal Castles, CSS ou Bat For Lashes, on en ressort enivré, étourdi de cette délicieuse torpeur qui engonce les terrasses entre les heures du rosé et du taboulé.
Julien RENSONNET
i - Gang Gang Dance, Eye Contact, 4AD/V2
@ - http://www.ganggangdance.com/
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.