Pale Grey débarque de Liège avec un premier EP attendu. La formation hébergée sur JauneOrange carbure à la pop teintée d'électronique pastel dont chaque titre porte le nom d'une couleur. Nous leur avons concocté un blind test arc-en-ciel pour savoir de quelles nuances ils peignent leurs sons sur «Put Some Colors».
Interview: Julien RENSONNET
Images et photo: Jacques DUCHATEAU
P!nk – So What
Seriez-vous prêts, comme P!nk, à vous teindre en rose, à vous tatouer ou à vous refaire les seins pour vendre votre musique?
Max – Gilles était prêt à se tatouer.
Jan – La moustache à la limite.
Green Day – Basket Case
Max – ça rappelle l'adolescence
Gilles – Ouais sauf que Jan il y est encore.
Le thème de l'adolescence, ça vous évoque quoi?
Gilles – Ben déjà c'est à ce moment là qu'on s'est rencontré. Et qu'on a commencé à jouer de la musique. On avait un premier groupe à l'époque avec Max, qu'on assume plus du tout...
Max – Ah ah, mais si, mais si...
Beatles – Yellow Submarine
Max – Moi j'ai un problème personnel avec l'histoire du rock. Je reconnais la valeur de ces groupes mais ça me touche pas. Je trouve qu'on s'est habitué à d'autres choses qui sont plus pertinentes aujourd'hui.
Pourtant c'était The Experimental Tropic Bluesband de l'époque...
Max – Ouais, c'est assez étonnant.
New Order – Blue Monday
On passe au volet électronique de l'histoire de la musique. Vous même vous avez un superbe synthé Korg. Comment vous est venue l'envie de mélanger l'électronique à votre pop?
Gilles – ça vient de l'utilisation de l'ordinateur, on bidouillait avec des séquenceurs et machin. On était deux, désespérément deux, alors on s'est aidé de l'ordinateur. Mais ça a toujours été notre passion de triturer des sons.
Max – Le problème c'est qu'on a pris un certain temps pour tout enregistrer. On a rajouté, rajouté, et à la fin on n'entendait plus les premières lignes mélodiques. On a retirer.
Gilles – On avait perdu la notion de ce qui était important. Maintenant on fonctionne plus en groupe. Si on réenregistre, on amènera nos idées et on fera évoluer les morceaux en répétition et en live.
Le groupe rock, c'est pour ne pas vous retrouver seuls derrière vos machines?
Max – Non, moi j'aime la couleur électronique mais je voulais surtout que le projet reste un groupe de rock. Je n'aime pas ces tendances techno où un beat s'ajoute puis se retire pendant 10 minutes.
Gilles – Moi j'aime bien.
Visage – Fade to Grey
D'où vient votre nom?
Gilles – Ben en fait on a commencé à répéter chez moi, dans notre petit local dans les fagnes. Là-bas, il y a du brouillard tous les jours, donc c'est notre terreau. Ça influence aussi un peu nos titres.
Max – La nature aussi influence nos textes, qui peuvent être écologiques.
Ultra Orange & Emmanuelle Seigner – Don't Kiss Me Goodbye
Gilles – Ouais on entend qu'elle est Française en tout cas...
Oui c'est pour ça qu'on l'a choisie. C'est difficile de chanter en anglais? Ou ça vient facilement?
Max – Toute la musique qu'on écoute est en anglais.
Gilles – C'est pas une haine envers la langue française mais pour nous le français a un côté hyper direct. Quand j'écoute une chanson, je ne veux pas avoir le sens des paroles en pleine poire avant la musique. Je veux apprécier l'ensemble. Il y a un côté frontal à chanter dans sa langue maternelle. Et de la pudeur.
D'où certains morceaux instrumentaux?
Gilles – Ouais, au début, on voulait rester purement instrumentaux.
Prince – Purple Rain
Gilles – C'est pas Renaud?
Ah ah, non, c'est Prince!
Gilles – Ouais on calle un peu sur les vieux classiques. C'est pas une perte de temps d'écouter tous les vieux trucs mais on essaye d'écouter des groupes qui sont pas encore morts.
C'est bien! Parce que certains groupes étouffent leur communication sous des tonnes de références. Vous, vous ne vous prenez pas la tête sur un héritage.
Max – Sur les années 80, on aime bien Cure, mais j'écoute pas ça au quotidien. En tout cas on est super fier d'être sur la scène actuelle et on est content de voir certains groupes actuels sur scène et de les rencontrer en festival.
Allons les Rouges!
Jan – Ah, le Standard!
Gilles – Bonjour à Riri, Roger, Marcel, Philippe... Salut Philippe!
Max – On va passer pour des cons à Liège mais on n'est pas des grands fans de foot. Y a quelques jours, c'était le dernier match contre Genk. On était près de la place Saint Lambert dans la bagnole de Gilles, une toute petite voiture, avec tous nos instruments.
Jan – Ouais avec la batterie et tout.
Max – Et les mecs nous voyaient passer en disant: «oah, les cons, y vont jouer sur la Place Saint Lambert». Et en fait après le studio, on est sorti sans connaître le score et rien qu'en voyant les gueules des supporters, on avait compris!
Gilles – J'habite dans le centre et je passe une bien meilleure nuit quand ils perdent! Je souhaite pas au Standard de perdre, loin de là, mais quand ils gagnent, je dors pas...
Ben débrouillez-vous pour jouer le samedi soir alors.
Foals – Black Gold
Max – Une toute grosse influence à nous. On adore. Ils restent dans un format pop en le mêlant au post rock, voire un math rock, le tout en donnant une subtile énergie.
Gilles – Ouais c'est pas un groupe de bourins.
Ils viennent de sortir un album magnifique, massif, aux rythmiques explosives, mais aux sons superbement travaillés et distincts. C'est difficile à atteindre, cette énergie mêlée à l'homogénéité?
Max – On voulait surtout éviter l'effet monolithique.
Gilles – Ça se fait spontanément. On parle souvent de la couleur d'un groupe. Parfois, on la comprend plus tard et c'est à ce moment-là qu'on parvient à l'exploiter correctement. C'est naturel.
Vous, votre couleur, vous l'avez trouvée?
Max – Non. On est content de notre son actuel mais on évolue.
Gilles – Le jour où on trouvera notre couleur, on sera peut-être pas les premiers au courant.
Le mot «pop» a un côté péjoratif... Vous le comprenez comment?
Max – Oui le pop-rock est parfois perçu négativement. Nous on veut dépasser ça, faire quelque chose d'intelligent, multiplier les influences, s'ouvrir à l'électro ou au rap.
Gilles – Ce qui fait mal parfois c'est la confusion entre musique pop et son côté grand public, commercial, immédiatement perceptible par le plus grand nombre. Cet amalgame joue contre la pop, comme si son format, compréhensible, était nécessairement une musique pour abrutis. On espère éviter ça.
Girls in Hawaii – Colors
Votre musique ressemble pas mal à la leur... Au-delà des rapprochements au sein de JauneOrange. Il y a aussi l'influence de la nature, la grisaille...
Gilles – Nous on s'est jamais comparé à eux.
Max – J'aime bien mais je trouve ça étonnant. Je vois pas trop la filiation. C'est vrai que les Girls in Hawaii produisent comme nous une musique mélancolique.
Gilles – C'est vrai, je me sens davantage proche de leur démarche. Ils ont aussi un fort attachement au côté visuel.
Pale Grey – Red
Pourquoi avoir appelé chaque morceau d'après une couleur?
Max – On a toujours été touché par l'univers visuel. Notre nom y renvoie aussi. On voulait donner d'autres teintes pour étayer le projet. Surtout on voulait laisser le champs d'interprétation ouvert. Les couleurs se rapprochent des sentiments induits par la musique. On ne voulait pas coincer l'auditeur avec le titre.
Gilles – Ici, «Red», c'est suivant les paroles. La chanson racontent un ami qui poignarde un autre et dont le sang couler sur la neige. «Black» c'est un rock un chouïa plus dur. «Green» a des paroles écologiques. Mais c'est uniquement un concept pour ce premier EP.
i - Pale Grey, "Put Some Colors", JauneOrange
i - Le 19 juin à Malmedy, le 24 juin à La Louvière, le 25 juin au Eupen Music Marathon, le 8 juillet à Bruxelles les Bains, le 22 juillet aux Francofolies de Spa, le 14 août au Brussels Summer Festival, le 26 août aux Doux Vendredi d'Août, le 27 août à Vezon, le 3 septembre au Deep in the Woods, le 10 septembre au Belvédère Namur
@ - http://www.myspace.com/palegreymusic
La playlist proposée à Pale Grey
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