Kill The Young, alias Tom, Dylan et Ollie Gorman, les frères de Manchester, reviennent après quatre ans avec un troisième album, Thicker than Water. Un vrai "album de famille", dédié à leur père décédé il y a deux ans. Le rock est toujours rageur, mais il y ont ajouté de nouveaux instruments, et de la nuance, une certaine mélancolie, même. Mais aussi beaucoup d'espoir, "comme un nouveau départ", disent-ils. Sans doute leur meilleur album dont ils nous offrent deux extraits acoustiques.
Interview: Audrey VERBIST
Caméra: Jacques DUCHATEAU
Les gens qui vous découvriraient avec ce disque doivent avoir une image très différente de ceux qui connaissent vos deux premiers albums...
En chœur: Complètement!
Dylan: C'est exactement ce qu'on voulait.
Tom: On a beaucoup parlé de cet album avant de le faire. On s'est demandé comment on allait mettre les instruments ensemble, à quoi les chansons allaient ressembler. On est toujours un groupe de rock, mais maintenant, on est plus cool, plus tranquilles. On pense plus aux choses avant de les faire, alors qu'avant, on faisait d'abord.
Dylan: On a aussi écrit de manière différente. Pour les deux premiers albums, on jouait et on enregistrait directement en live. Là, on a travaillé à la maison dans une atmosphère plus relax. On a fait pas mal de trucs sur l'ordi d'abord.
Et vous êtes un de plus aussi.
Dylan: Jack nous a rejoints, mais seulement pour le live. Il y avait beaucoup plus de trucs au piano. On aurait pu le faire avec un ordinateur, mais c'est beaucoup plus vivant comme ça sur scène. Puis, c'est bien aussi d'avoir du sang neuf, ça permet de nourrir la musique.
Et il est l'arbitre entre les trois frères...
Dylan: chut! (Ollie bâillonne Jack avec sa main). On s'engueule parfois franchement, et c'est vrai qu'il désamorce pas mal de conflits.
Est-ce que Kill The Young est une démocratie?
Tom: Oui, si on suit mon idée... D'ailleurs Dylan aussi: c'est un dictateur au sein d'une démocratie.
Et toi, Ollie?
Ollie: Moi? J'écris juste des chansons. (Rires)
Vous avez ajouté des instruments dans cet album...
Tom: On aurait pu mettre juste une guitare en plus, mais on voulait de nouvelles textures. Il y a une mandoline et un banjo. Vous ne les entendez peut-être pas forcément, mais ils sont là.
Qui joue tout ça?
Dylan: C'est Ollie. Ce mec peut tout jouer.
Ollie: Je jouais du piano depuis 7-8 ans. Puis j'ai eu une mandoline et un banjo à Noël. Et quand vous savez jouer un peu de guitare, c'est facile. J'ai eu aussi un ukulélé, un violon...
Ca arrive de vous offrir autre chose que des instruments à Noël et à vos anniversaires?
Tom: C'est vrai que depuis qu'on a été signés, il y a six ans, on ne s'achète que ça. On commence à avoir notre propre petit magasin.
Il y a un morceau d'un chœur qui fait penser à l'Armée rouge, ça vient d'où?
Dylan: C'était l'idée de notre père. On avait cette chanson, ou du moins, la moitié. Et on s'est souvenus de ce morceau que notre père aimait bien parce que ça lui faisait penser au chœur de l'Armée Rouge. On l'a ajouté à notre chanson et ça donnait un truc terrible. C'est hallucinant comme le ton était identique à l'original.
La première chanson de l'album, I Don't Want to Fight With You Anymore, elle parle de votre maman?
Tom: Oui. Cette chanson a été assez difficile à faire. Notre mère est irlandaise. On a une relation, disons... On s'adore, mais on est très semblables et parfois c'est vraiment difficile. C'est une chanson d'amour pour ma mère.
Elle l'a pris comment?
Tom: En temps normal, elle dit: "J'adore cette chanson". Mais si elle a bu un coup, elle dit plutôt (il prend l'accent irlandais): "Mais pourquoi vous chantez une chanson sur moi?" (rires)
Des chansons sur vos parents, des photos de vous petits... C'est un album très familial...
Dylan: C'est notre façon de parler de tout ce qui s'est passé ces deux dernières années dans nos vies...
Tom: C'est un album très sincère.
Est-ce que pour vous la musique est une sorte de catharsis?
Tom: Oui, bien sûr. Ca doit l'être. C'est comme une vague qui sort de vous.
Dylan: Il faut un certain degré de tragédie dans sa vie pour écrire de bonnes chansons. Sans ça, on ne crée rien.
Comment vous l'envisagez alors cet album?
Dylan: C'est un nouveau départ, je dirais. On a changé depuis le premier album. C'est un autre chapitre.
Tom: Ces cinq dernières années, on a beaucoup joué nos anciennes chansons. Et maintenant on a envie de quelque chose de nouveau.
Dylan: D'ailleurs, on est en train de travailler sur le prochain album.
Tom: Ca va être un truc de malade!
Dylan: On veut repousser encore les limites dans la façon de travailler le son. On a besoin de choses nouvelles, on a besoin de passer du temps en studio et de travailler sur des trucs. C'est pas vraiment qu'on soit lassés des anciennes chansons, mais on a envie d'en faire de nouvelles. On est fiers de cet album, la première fois qu'on l'a écouté...
Tom: C'était encore mieux que le sexe. Et presque aussi bien qu'une partie de Playstation.
Et "Thicker than Water", pourquoi ce titre?
Dylan: Ca vient d'un proverbe qu'on utilise beaucoup en Grande Bretagne: "Blood is thicker than water", ça veut dire que les liens du sang sont plus forts que tout.
i - Sunny Weekds Production/Green l.f.ant. En concert le 16 septembres aux Fêtes de Wallonie à Namur.
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