Eclatant ! Les « Dinant Jazz Nights » ont cette année atteint des sommets : un festival de dimension internationale.
Certes, on se doutait qu’avec une pareille affiche, la 14e édition du festival dinantais n’allait pas décevoir. Encore fallait-il que le public et les prestations suivent et, malgré un temps à plutôt écouter Duke Ellington dans son salon, les jazzfans sont venus, ont écouté et sont repartis avec la tête remplie de grands souvenirs.
Après « Unexpected », vainqueur du concours des jeunes talents en 2010, Joe Lovano introduisait « Us Five », son groupe permanent depuis quelques années et avec lequel il entamait un long medley des compositions de Charlie Parker et terminait par un percutant « Fort Worth ». Le feu était mis au chapiteau par le quartet de John Scofield, groovy et bluesy à souhait, s’épanouissant sur des thèmes de « Moment’s Peace », son dernier album de ballades ici saucées à l’énergie, Joe Lovano remontant sur scène pour un rappel époustouflant où aulochrome et guitare se bagarraient ferme.
Le dimanche était consacré aux musiciens belges : le « Brussels Jazz Orchestra » présentait en avant-première son nouveau CD avec Kenny Werner – « C’est le meilleur band du monde », s'exclame le pianiste en plein concert ! -, un trésor de trouvailles harmoniques et de swing auquel viendra une nouvelle fois se joindre le parrain du festival qui ne passera pas une journée sans monter rejoindre ses « cats » sur le podium avec une générosité incroyable. On attendait bien sûr Toots en duo avec le pianiste Kenny Werner : moment magique d’écoute mutuelle, de joie partagée autour de grands standards et du romantique « For My Lady » de l’harmoniciste bientôt nonagénaire !
"Ils n'avaient plus joué depuis 10 ans"
Quand il a pris en main la programmation, Joe Lovano a immédiatement cité le batteur Félix Simtaine et son « Act Big Band », l’orchestre avec lequel il avait enregistré dans les années 80 : les voici reformés et ce fut un des moments forts du festival. Après le concert, Joe Lovano ne tarissait pas d’éloges : « Vous imaginez, ils n’ont plus joué depuis dix ans et ils swinguent comme l’orchestre de Count Basie ! » Après un bœuf à trois saxes – Grossman, Pontrandolfo et l’infatigable Lovano – ce dernier proposait « Supersonix », un explosif quartet inédit autour de Manu Katché, l’exceptionnel John Abercombie à la guitare, et notre Philippe Aerts à la basse.
Prestation cinq étoiles d’Aka Moon le lundi avec le pianiste Fabian Fiorini et l’étonnante chanteuse italienne Cristina Zavalloni : sur une composition de Fabrizio Cassol à laquelle la chanteuse colle le texte d’un poète grec, puis sur d’époustouflants scats qui doublent la voix du sax-alto, Cristina Zavalloni s’est révélée comme une nouvelle partenaire de haut vol pour Aka Moon, un projet qu’on se réjouit de voir aboutir sur une galette.
Le concert attendu de Charles Lloyd allait lui aussi ravir : planté sur un tapis oriental qui allait le propulser dans les nuages, le saxophoniste se lançait dans un sublime travail d’introspection aux côtés de jeunes partenaires prêts à dynamiter les solos.
De dynamite, il en fut encore question pour clôturer ces quatre jours de folie : Mike Stern, dans une forme d’enfer, et l’électrique Didier Lockwood la jouaient jazz-rock jusqu’à un rappel, « Straight No Chaser », avec l’incontournable Lovano : la boucle était bouclée. Dinant a vécu une 14e édition qui restera dans les annales.
J-P G. (crédit photo: JOS KNAEPEN)
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