« Pas besoin de bottes ni de parapluie », qu’on se dit en embarquant vers le MicroFestival quand la drache qui remplit les nappes phréatiques depuis début juillet revient vérifier qu’il y reste pas encore un peu de place. Parce qu’au MicroFestival, deux chapiteaux sont dressés pour s’abriter. Et comme on sera en plein Liège dans le quartier Saint-Léonard, on pataugera pas non plus.
Si y a plus trop de place dans les nappes phréatiques, y en a pas beaucoup plus pour ceux qui voudraient rejoindre Liège ce samedi. Toutes les préventes s’étaient arrachées pour ce 2e rendez-vous d’un festival qui commence tout doucement à s’assurer un public un peu exclusif et trop content d’être dans le coup que pour laisser passer son tour. Tout le p’tit milieu musical liégeois et extra-principautaire se retrouve sur le pavé de l’Espace 251 Nord. Et comme JauneOrange veut garder de l’espace pour laisser respirer ses festivaliers, le label refuse d’engorger ses tentes et sa cour. Résultat : après 1.200 personnes et une longue guest list, on ferme la pompe.
Les pompes à bière par contre, sont restées ouvertes toute la journée. Aux manettes, on aperçoit des membres de l’écurie JO comme Elledelux. La chanteuse de Superlux met la main à la mousse comme ses collègues de Malibu Stacy aux tickets ou de Dan San au montage. Cool, familial et sans prise de tête. Au MicroFestival, on boit de la bière locale dans des gobelets en plastique consigné. « Ca vaut 20 centimes », qu’on nous dit au bar quand on acquiert, frénétique, nos premières peintes de la journée. Tout le monde ne comprend pas tout de suite et on en voit un qui dépose 2 pièces de 20 centimes sur le bar. « Mais non, qu’elle répond, la gentille serveuse : la consigne est comprise dans le jeton. Quand tu ramènes ton gobelet, c’est moi qui te les rends, tes 20 centimes. Comme ça ta bière te coûte 1,80€, et pas 2€. » Le temps que tout le monde ait bien compris, on en recommande une 2e. Les serviettes des pains-saucisses, elles, ne sont pas consignées.
Comme la moitié du public, on termine tranquillement cette chope pendant que les Néerlandais d’Alamo Race Track entament leur show. Très attendus, qu’ils étaient, les gars. « Dans un style qui rappelle Clap Your Hands Say Yeah », me fait fort justement remarquer un collègue rencontré sur place. Mais à Liège ce samedi, on s’en fout un peu des références musicales. Et c’est surtout les potes et les tournées qui sont attendus. Dommage car certains groupes avaient fait du chemin pour nous faire écarquiller les tympans. C’est sans doute la rançon de cette convivialité chère aux organisateurs, doublée d’un prix défiant toute concurrence pour 10h de son et 8 groupes d’excellente qualité : on en oublie un peu la musique. Il aurait fallu qu’il pleuve un peu plus, comme dans l’après-midi, pour que le public oublie le bar pour le chapiteau et sa scène. « Pas très cool pour les groupes, nous glisse un membre de la famille JO. Ma is bon, ça reste liège, hein ! » Au micro, on prévient avec cet accent typique : « bon, pour ceux qui veulent des tickets, on ferme la vente à 11h30 donc magnez-vous ». On sort les billets, message reçu.
Tout ça n’empêche pas les Thermals (photo) de monter sur scène devant un petit tiers des personnes présentes. Avec un nom pareil, le trio de Portland fait monter la température, forcément. Il déploie un punk californien très orthodoxe mais carré, frais et fonctionnel. Un rock qui fait hocher du menton et mousser la pils. Si la mode était aux longs cheveux, on verrait sans doute des heads bangers les déployer dans le public. Qui se fait un peu plus dense tandis que les Américains déploient leurs riffs, empruntés à Nirvana, Placebo ou Blink et Offsrping. Du pur punk west coast. « Woheeee hooo ouh whohooo ». Leur rock versatile rentre bien dans les oreilles, mais sans réelle identité, leurs 2’30’’ de pêche se succèdent sans marquer réellement les plus exigeants. Les autres adhèrent et reprennent les gimmicks sans texte. On en est tandis qu’au fond de la salle, JF, le boss de JauneOrange, immortalise l’instant sur son smartphone. « Bien, hein ! » Ouais, bien !
On a encore droit à un groupe avant l’after à la Caserne Fonck, qui s’annonce surchauffée. Certains en prennent la direction, sans attendre les pourtant « next big things » de Civil Civic. Attendrissant lorsqu’ils s’essayent à 10 mots de français, les Australiens blindent les enceintes avec leur math rock assourdissant mais mélodieux. On se plonge dans leur mélasse en trempant les lèvres dans une dernière chope. À deux, ils jouent toutes les couches de ce son qui, immanquablement, les rapproche de Battles surtout, comme de Fuck Buttons ou The Walls. Comme si Warp avait signé un groupe new wave. Car malgré leur surenchère orgiaque, Civil Civic n’oublient pas le clavier. Ça plait davantage aux lettrés branchés sur Pitchfork mais fédère moins que The Thermals. Même si l’innovation et la prise de risque sont du côté des Australiens exilés en Europe. On veut bien le croire et on a même droit à un morceau de rabiot, long comme le genre l’exige.
Après ça, faut se remettre. Puis faut plier bagage, pour pas déranger le voisinage. Ça crie dans le micro : « Merci au public, merci à moi, merci au bar, à la sécu et aux frites. » Ouais, merci, on reviendra.
Reportage:
Julien RENSONNET
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