Showcase / Le blog musique de L'Avenir

CHRONIQUE | Memory Tapes, bienvenue au piano club chillwave

Des voix comme enregistrées sous l’eau, des échos éthérés presque folk, un beat parfois moite, une basse ronde, une guitare shoegaze et des mélodies new wave au synthé que ne renieraient ni les Pet Shop Boys, ni Air, ni Ulrich Schnauss, ni MGMT. Voilà décrit en quelques traits le mouvement « chillwave », né sur deux ou trois laptops états-uniens à la charnière de 2009 et 2010.

Pendant 2011 à l’ambiant, cette electropop low-fi a forcément ses têtes de gondole, dont Toro Y Moi, Washed Out ou Neon Indian, qui compose tout seul devant leurs écrans et derrière leurs lunettes en écailles.

Et puis il y Dayve Hawk, alias Memory Tapes, qui sort ici son premier album dont Sunhits (notre vidéo) constitue justement le tube indé parfait de cet été pourave. De quoi noyer un peu sa déprime dans de douces vagues (« wave ») relaxantes (« chill »).

CHRONIQUE | Jamie Woon, quand le dubstep soul *

Le dubstep est-il en train de vendre son âme au diable? Les puristes le déplorent depuis longtemps (quelques mois, à l’époque de MySpace, c’est long): le son crasseux du south London a cessé de faire respirer le béton tagué pour se hisser dans les charts concomitamment avec l’ouverture de comptes en banque sans fonds. Faut-il pour autant cracher sur ces sons urbains contaminant jusqu’aux écrans pub avant le film grand public du jeudi soir? Ceux pour qui la réponse est oui s’arrêteront de lire ici.

Les autres jetteront une oreille au premier album du jeune Anglais Jamie Woon, curieux mutant aux gènes partagés autant avec Burial, Benga et Skream qu’avec Prince, Michael Jackson et Kanye West. Peu rassurant, ils retiendront avant écoute que le natif de Kingston s’est hissé au 4^e rang des sons à surveiller en 2011 dans le classement de la BBC. Un classement où, tiens tiens, James Blake le devance de deux étages… 

LA LONGUE INTERVIEW | L'éruption Trentemøller va embraser l'AB

Anders Trentemøller commande aux éléments. En 2008 aux Ardentes, dieu Thor derrière ses machines, il avait invoqué l’orage. Puis martelé le public liégeois des foudres électroniques de son magistral premier album, «The Last Resort», dans un ciel zébré d’éclairs droit descendus du Valhalla. Un instant divin, où musicien et public communièrent sous les trombes d’eau. Un instant que le Danois et son public pourraient revivre ce mardi, alors que la Belgique accueille le leader de la scène électronique nordique dans une AB sold out depuis longtemps. (Photos NEWS)

En juin, Anders Trentemøller sortait un «Into the Great Wide Yonder» rêveur dans un écrin prémonitoire. Sa pochette lilas, prophétique, étalait sur la table de la librairie bruxelloise où nous le rencontrions les bouffées ouateuses d’un nuage de cendres volcaniques. Elle a pourtant été conçue deux mois avant l’éruption du fameux Eyjafjöll islandais.

Les yeux soulignés du même noir d’obsidienne que ses ongles vernis, le grand Trentemøller, figure emblématique de la scène electronica scandinave, était alors revenu pour nous sur cette coïncidence. Il expliquait que ce noir est aussi celui des plages de galets islandaises qui l’ont inspiré. Provoquant l’éruption des humeurs post-rock et pop dans le son du doux et timide Danois. Sa venue ce mardi soir à l’AB nous semble le bon moment pour vous servir cette passionnante rencontre au léger pessimisme éclairci par les bulles blondes d’une Duvel.

CHRONIQUE | Röyksopp quitte les voix de sa jeunesse ***

Senior, 4e album de Röyksopp, est le second volet d’un diptyque enregistré en 2009 dont Junior était le côté ensoleillé. En étant le revers sombre, ce disque marque l’avancée du duo norvégien vers une musique downtempo moins sucrée.

En s’aidant de son titre, on peut facilement écrire que Senior s’inscrit comme l’album de la maturité des nordiques. Ses 9 titres sont longs, gonflés de guitares et d’effets de synthés et de réverbérations. Ils oublient le format pop, le single tapageur, et s’étirent comme autant d’interminables journées boréales.

CHRONIQUE | Caribou plonge dans l'élément électro-liquide ****

Dan Snaith est un Canadien émigré à Londres pour y obtenir... un doctorat en maths. Accessoirement, il y a fait aussi de la musique sous le nom de Caribou. Voici deux ans, son album Andorra, superbe envolée pop psychédélique moderne aux accents sixties, avait été encensé partout et primé dans son pays. Avec Swim, Caribou affiche plus clairement sa passion pour l'electro, mais sans tourner le dos aux fines mélodies éthérées, définissant un univers lounge-dance entre deux eaux, tout en mélancolie hypnotique et sonorités aqueuses. L'une des toutes grosses sensations du moment avec son single Odessa.

CHRONIQUE | Thomas, l'autre prince norvégien **

Alors que l’imagerie nu-disco nous transporte d’habitude sur les côtes turquoises des Baléares, c’est la froide Norvège qui réchauffe le plus le climat du genre le plus tropical de la musique électronique, croisière entre disco de sieste et house de salle d'attente.

On s’étonnerait presque dès lors, que le producteur Prins Thomas, qui nous offre depuis le début des années 2000 les plus chaudes plages de ce mélange de disco, de krautrock et de chill-out avec son compatriote Lindstrom sur le label belge Eskimo (réécoutez Turkish Delight, Mighty Girl, ou I Feel Space, du seul Lindstrom...), sorte seulement son premier véritable album solo.

CHRONIQUE | Matthew Herbert tout en finesse ***

Étiqueté électro-expérimental aux textes engagés, auteur de nombreux remixes (pour Bjork), se produisant sous diverses appellations (dont Dr Rockit ) ou avec diverses formations, Matthew Herbert livre ici un album pop extrêment accessible et tout en finesse, une alchimie électroactoustique à la fois complexe et limpide. Tout est retenue, douceur et subtilité dans ce disque qu'on a vite envie d'écouter en boucle dans les moindres détails. Le cachet accrocheur et audacieux rappellera à certains les meilleurs travaux de ces deux laborantins pop que furent Godley & Creme.

CHRONIQUE | Quand l’art de la reprise émoustille

Pour apprivoiser ce disque, allez directement au septième morceau. Là, Christian Prommer vous a concocté une petite cover d’un classique de Jean-Michel Jarre, Oxygène (Part IV). En trois petites minutes, celle-ci vous résume le talent de ce batteur/DJ : marier digital et organique, jazz et electro. On n’est pas loin des travaux de Bugge Wesseltoft sur son label Jazzland et donc d’une musique aventureuse mais toujours accessible. Avec ces reprises de classiques techno de Carl Craig, Laurent Garnier, Rolando ou Aril Brikha, vivez une zique chic à rêver ou à danser en buvant un Mojito bien parfumé ou un verre de Sancerre non filtré.

CHRONIQUE | Fuck Buttons, c'est du grand sport ****

C'est un des albums de l'année pour ceux qui ont avancé l'heure des referendums. Fuck Buttons, duo de Bristol, n'apporte pourtant rien de vraiment nouveau, c'est le mélange bouillonnant et extatique proposé sur son 2e album, Tarot Sport, produit par Andrew Weatherall, qui chamboule les neurones.

Sept longs titres electro-instrumentaux enchaînés, mariant Vangelis, Madchester, le shoegazing sans guitare et le dance floor échevelé, créent une ambiance hypnotique et hallucinée qui emporte tout sur son passage. Ébouriffant.

C.C.

i - ATP Recordings
@ - http://www.myspace.com/fuckbuttons

CHRONIQUE | Septembre aux Baléares ***

Sucrée comme une barbe à papa, clinquante comme un stand de tir, aérienne comme une montagne russe, la deuxième compilation Cosmic Balearic Beats du label belge Eskimo attirera malheureusement moins de monde que les néons aguicheurs de la Foire de Midi. Et que les sirènes hurlantes des camions de pompiers conduits par Justice, Erol Alkan ou Boyz Noize.

Car loin des stridences, des basses grossières et des distorsions infernales qui secouent les kids habillés de fluo, on embarque ici pour le psychédélisme et les vapeurs doucereuses des afters. Comme l'air vicié des navettes peut endormir Frank De Winne et ses camarades de l'ISS, le disco spatial des troupes d'Eskimo (label qui héberge aussi les spécialistes du genre, Lindstrom & Prins Thomas) descend des limbes pour bercer les oreilles fatiguées.

Sans agressivité, Cosmic Balearic Beats revisite l'italo-disco, la house et le « chil out » qui berçaient les couchers de soleil d'Ibiza des années 90. D'où son nom, qui érige les producteurs présents en Paul Oakenfold de 2010. Tellement actuel et si délicieusement suranné.

J. R.

+ «Cosmic Balearic Beats vol.2», Eskimo/NEWS