Showcase / Le blog musique de L'Avenir

ON Y ETAIT | Synesthésie germano-nipponneavec Alva Noto et Ryuichi Sakamoto

Rarement on en a pris autant dans la vue et l’ouïe que ce lundi à l’AB. Pourtant, le dispositif scénique d’Alva Noto et Ryuichi Sakamoto défiait jusqu’au Mime Marceau : un piano, une tablette à machines et un écran de LED tout plat tapissant une scène drapée de noir. De quoi sans doute s’assortir au public plus âgé et plus habillé qu’à l’habitude d’une AB complète dans sa configuration théâtre malgré un prix s’approchant des tarifs d’opéras. Une AB où la moquette épaisse remplaçait le tapis de gobelets de plastiques, interdits à l’entrée…

INSOLITE | Sharko à l'opéra

Du 16 mars au 3 avril, La Monnaie présente une nouvelle production d'"Idomeneo, re di Creta" de Mozart dans une mise en scène d'Iva Van Hove et sous la direction musicale de Jérémie Rhorer. A cette occasion, le 3 avril, les -26 ans sont invités à participer à partir de 17 heures à une "Night at the opera with Sharko".

Cette soirée exceptionnelle destinée aux -26 ans permettra une introduction à l'univers poétique de l'oeuvre, du compositeur et du metteur en scène, un spectacle d'opéra dans des conditions idéales, et enfin une rencontre avec des chanteurs lyriques et un invité spécial issu de la scène musicale pop-rock. David Bartholomé, le chanteur du groupe pop Sharko, viendra parler de sa découverte de l'opéra de Mozart.

CHRONIQUE | Machines: par ici la sortie ****

Les expérimentations oscillant entre classique et techno parsèment l'histoire contemporaine. Des pionniers de la musique concrète comme Russolo, Schaffer ou Henry, aux grands noms de la techno de Detroit comme Jeff Mills (qui a joué au pied du Pont du Gard avec un orchestre philharmonique) ou Carl Craig, tous lancent des passerelles entre l'organique et le robotique, enroulant pianos et violons en boucles.

ACTU | Django aurait 100 ans

Originaire d'une famille manouche venue d'Europe centrale, Django Reinhardt est né le 23 janvier 1910 dans une roulotte stationnant à Liberchies, commune de l'entité de Pont-à-Celles.

Guitariste hors pair, Django Reinhardt allait connaître très vite la gloire après avoir été repéré par Louis Vola qui l'intégra dans le quintette légendaire du Hot Club de France.

En 1928, Django a perdu une partie de l'usage de sa main gauche dans l'incendie de sa roulotte. Le jazzman a dès lors dû inventer une nouvelle technique de doigté. Devant reconsidérer tous ses acquis, il s'est trouvé en situation d'évaluer sa relation à son instrument comme aucun guitariste n'avait eu à le faire auparavant.

CHRONIQUE | Sufjan Stevens sublime... une hideuse autoroute ****

Sufjan Stevens est un jeune musicien surdoué qui a déménagé de Detroit à New York, d'étonnantes idées plein la tête. Comme celle de consacrer un CD à chaque État d'Amérique. Il en est resté à deux jusqu'ici, dont un Illinoise encensé. The BQE, qui vient de sortir derrière sa superbe pochette, n'est pas à proprement parler son nouvel album, mais la bande-son d'un projet fou consacré à « la plus laide autoroute du monde », the Brooklyn-Queens Expressway qui relie Brooklyn au Queens. DVD inclus, il arrive à sublimer son hideux sujet dans une harmonieuse suite orchestrale néoclassique qui n'ignore pas l'électronique. Fascinante et intrigante curiosité.

C.C.

i - Sufjan Stevens, The BQE, Asthmatic Kitty
@ - http://www.myspace.com/sufjanstevens

CHRONIQUE | Les nuits d'hiver de Sting **

Non, on ne s'est pas trompé. C'est bien une nouvelle fois chez Deutsche Grammophone, le célèbre label classique à l'étiquette jaune, que Sting signe son nouvel album. Normal, puisque pour ce dernier, il a enregistré quinze morceaux folks ou classiques qui célèbrent l'hiver. Une démarche qui s'inscrit dans la lignée de son album consacré à John Dowland, compositeur anglais du XVIe et XVIIe siècle. Une initiative qui avait été accueillie favorablement par la critique, Sting élargissant même son public aux amateurs de classique qui lui pardonnèrent les limites de sa voix, tant l'enregistrement - avec le luthiste Edin Karamazov - était de qualité.

Sur If on a winter's night, Sting, 58 ans et désormais barbu, a d'abord voulu transmettre sa fascination pour l'hiver. «C'est une saison propre à l'imagination, beaucoup plus qu'une autre. Les paysages sont magiquement transformés par la neige. L'hiver, c'est les récits, les esprits, les fantômes dans la cheminée, le silence de la neige... Une matière riche que je voulais amener dans cet album.»

CONCERT | Housse de racket à l'Escalier de Liège

Housse de racket, c'est le groupe (en fait le duo) qui monte sur la scène française, avec son clip "Oh Yeah!". Si vous avez été à Paris ces dernières semaines, vous avez au moins dû apercevoir les affiches pour annoncer leur concert à la Cigale prévu ce mardi. Les Housse de racket y joueront devant une salle comble (1200 personnes). C'est peu dire que l'équipe des Ardentes a eu le nez fin en les programmant à l'Escalier ce jeudi soir (20h). "Les gens nous demandent si ce sont les mêmes", rigole Jean-Yves, l'un des organisateurs.

Pour ce jeudi, il reste encore quelques places en préventes (Caroline, FNAC, Sherpa...) au prix de 8€. Et si vous tentez votre chance ce soir-là, prévoyez 10€.

Voici le nouveau clip: "1-2-3-4"

Showcase vous offre 2 X 2 entrées pour le concert de ce jeudi soir. Envoyez votre nom, prénom, adresse et GSM à [email protected] en mentionnant Concours Housse de racket dans l'objet. Les gagnants seront tirés au sort mercredi soir (18h) et prévenus par téléphone.

@- www.lesardentesclub.be

INSOLITE | Un festival qui ne laisse pas de glace

La musique fait froid dans le dos, littéralement: dans une arène de neige et des températures au-dessous de zéro, des artistes relèvent le défi d'interpréter leurs oeuvres sur des instruments de glace sous les yeux ébaubis d'un public frigorifié mais conquis.

A la première pleine lune chaque année, la station de ski de Geilo organise dans les montagnes du coeur de la Norvège un festival de musique de glace sans équivalent dans le monde. Précaires comme des châteaux de sable, instruments à vent, à cordes et percussions laissent s'échapper des tonalités inédites entre deux hauteurs du domaine skiable.

"La glace, c'est extrêmement beau tant au niveau visuel que musical. Elle a d'autres qualités que les autres matériaux, elle est abstraite, elle donne de chaudes tonalités même si elle est froide", explique un pionnier du genre, Terje Isungset, initiateur du festival. "C'est la nature qui contrôle tout. La qualité de la glace et la température ambiante déterminent la tonalité de la musique", dit-il. La harpe et le violon étaient cette année à l'honneur de la quatrième édition de l'IceMusic Festival, du 9 au 11 janvier.

Femme nue

Entre deux colonnes de glace renfermant l'image cryogénique d'une femme enceinte nue, oeuvre du Français Eric Mutel, les instruments émettent ce soir-là un murmure qu'un gros ampli rend audible. Aux accents mâles d'une corne de glace, toute en barrissements et râles préhistoriques, répondent les envolées cristallines de la harpe. Mélange déroutant de sons caverneux, carillons éthérés et mugissements bestiaux, le cocktail recueille les applaudissements,  assourdis par les moufles, des quelques dizaines de spectateurs. "Magique", commente Oddvar Reintan, un homme du cru. "Jamais vu ou entendu quelque chose de semblable", renchérit un couple venu d'Oslo.

Tous professionnels, les musiciens doivent composer avec des instruments facétieux qui se dérèglent après quelques accords et en fonction de la température, ce qui les oblige à largement improviser. Plus lourds, les instruments sont aussi, évidemment, plus froids. Certains artistes choisissent de jouer avec des gants. "Les dimensions sont différentes d'un violon normal, la construction est différente et, logiquement, les sons sont très différents. Ca donne une tonalité orientale", explique le violoniste Nils Oekland. "En musique classique, on essaie de jouer une mélodie qui sort de l'ordinaire avec des instruments traditionnels. Là, ce sont les instruments qui sont extraordinaires", dit-il.

Bien que condamnée à jouer avec 18 cordes au lieu des 47 habituelles, la harpiste Sidsel Walstad est enchantée. "C'est fantastique de jouer une musique dont on sait qu'elle ne sera jamais rejouée à l'identique", dit-elle.

Violon à la tronçonneuse

Le spectacle doit beaucoup au sculpteur de glace américain Bill Cowitz qui, pendant deux jours, a façonné les instruments. "C'est la première fois que je fais une harpe et un violon censés fonctionner. Il faut les faire aussi légers que possible pour optimiser leur résonance mais aussi suffisamment robustes", confie-t-il. "Ma préoccupation majeure, c'est qu'ils ne se cassent pas. S'ils sonnent faux, on peut toujours blâmer les musiciens", sourit-il. Découpée dans une source voisine, parce que l'eau minérale est musicalement supérieure à celle du robinet selon les experts, la glace a été travaillée à la tronçonneuse d'abord, puis à la meule et au ciseau.

Petite concession, des morceaux de bois ont été fichés dans les instruments à cordes pour pouvoir tendre les filins que la glace ne supporterait pas. Les cordes sont en nylon ou boyaux de mouton. "On ne peut pas utiliser de cordes métalliques parce qu'elles chauffent quand on les bouge et font fondre la glace", précise Bill Cowitz. Le show fini, les instruments retournent à la nature. "Ils lui appartiennent", souligne Terje Isungset. "Je n'ai fait que les lui emprunter".

Belga

L'année musique 2008: les choix de Showcase

Pour débuter l'année sur une excellente note, l'équipe de Showcase vous propose ses choix musicaux de l'année 2008. Loin d'être un classement objectif, cette sélection restreinte est bien plutôt un condensé, le distillat subjectif de 12 mois musicaux.

Les choix d'Audrey Verbist
1°) Kaiser Chiefs, "Off with their Heads" (Universal)
Troisième album pour faire chanter les stades, comme ces Anglais savent le faire.
2°) Yoav, "Charmed and Strange" (Universal)
Ce gars sait tout faire avec sa guitare: mélodie, rythme et percussion avec un seul instrument. Impressionnant en concert.
3°) Metallica, "Death Magnetic" (Universal)
Retour aux sources pour les Californiens. Du bon vieux Metallica comme au temps de "Masters of Puppets", sorti en 86.

Les choix de Marc Uytterhaeghe
1°) Lonely Drifter Karen, "Grass is Singing" (Crammed)
Ce groupe formé autour de la frèle Viennoise Tanja Frinta produit une pop-folk délicate. A déguster sans modération.
2°) Grace, "Hall of Mirrors" (Universal)
La jolie citoyenne du monde a produit un album folk-blues à son image. Une véritable invitation au voyage.
3°) William Baldé, "En Corps Etranger" (Warner)
Le grand public n'aura retenu que "Un Rayon de Soleil", tube de l'été en France. Pourtant, son album vaut le détour, avec ses chansons graves sur des musiques légères.

Les choix de Fanny Guillaume
1°) The Last Shadow Puppets, "The Age of Understatement" (Domino)
La voix des Arctic Monkeys et celle des Rascals s'unissent pour le meilleur orchestré par le London Metropolitan Orchestra.
2°) Austin Lace, "Motherman" (Bang!)
Des mélodies entêtantes et un son digne des plus grand pour ce groupe belge.

Les choix de Julien Rensonnet
1°) Santogold, "Santogold" (Atlantic)
L'Américaine santi White synthétise hip hop, pop, rock et electro. Avec elle, comme avec MIA ou Ladyhawke, les femmes montent au front dans une avalanche de beats.
2°) MGMT, "Oracular Spectacular" (Sony)
Le duo new-yorkais est l'équivalent musical à l'architecture baroque. Un album foisonnant, touffu et gavé de références à la pop, à l'electro et au psyché-folk.
3°) Minilogue, "Animals" (Cocoon)
La techno minimale la plus cristalline sur un double album venu du froid de Malmö, en Suède.

Les choix de Marie-Françoise Gihousse
1°) Anna Netrebko, "Souvenirs" (Deutsche Grammophon)
La soprano d'origine russe chante trop bien grands airs d'opérettes, berceuses et chants traditionnels.
2°) Andréa Bocelli, "Incanto" (Decca/Universal)
L'Italie de la dolce vita chantée par un Bocelli qui puise dans ses souvenirs d'enfance.
3°) Julien Clerc, "Où s'en vont les avions?" (EMI)
Du tout grand Julien Clerc dans ce CD sorti en automne. Un album où l'ont sent la patte de Benjamin Biolay et où Julien, pour la première fois, est au piano. On a adoré.

+ Choix issus du Télékila du samedi 27 décembre 2008.

INTERVIEW - La foi gravée sur CD

L’histoire n’est pas banale: les Moines d’Heiligenkreuz en Autriche ont été choisis par le géant Universal pour sortir un disque de chants grégoriens. Et il est disque de platine. Chant - Music for Paradise est un disque de chants grégoriens tout simples. Pas de musique, pas d’arrangements, juste des prières en latin chantées par 17 moines. Et ça plaît, visiblement. Plus surprenant encore, Fater Karl, le porte-parole des moines et recteur de la faculté de théologie du monastère était venu tout spécialement à Bruxelles pour donner des interviews. Dans un palace 4 étoiles, il se sent «comme un poisson dans la jungle», dit-il. Mais, son disque d’or dans les mains, il est très fier. La longue interview complète et extraits en vidéo.