Showcase / Le blog musique de L'Avenir

CHRONIQUE | Memory Tapes, bienvenue au piano club chillwave

Des voix comme enregistrées sous l’eau, des échos éthérés presque folk, un beat parfois moite, une basse ronde, une guitare shoegaze et des mélodies new wave au synthé que ne renieraient ni les Pet Shop Boys, ni Air, ni Ulrich Schnauss, ni MGMT. Voilà décrit en quelques traits le mouvement « chillwave », né sur deux ou trois laptops états-uniens à la charnière de 2009 et 2010.

Pendant 2011 à l’ambiant, cette electropop low-fi a forcément ses têtes de gondole, dont Toro Y Moi, Washed Out ou Neon Indian, qui compose tout seul devant leurs écrans et derrière leurs lunettes en écailles.

Et puis il y Dayve Hawk, alias Memory Tapes, qui sort ici son premier album dont Sunhits (notre vidéo) constitue justement le tube indé parfait de cet été pourave. De quoi noyer un peu sa déprime dans de douces vagues (« wave ») relaxantes (« chill »).

CHRONIQUE | Le Brooklyn Spleen de The Antlers ***

Avec Hospice, en 2009, Peter Silberman, alias The Antlers, avait livré un album poignant, marqué par le deuil, genre nuit et brouillard, dont le supplément d’âme s’était imposé de bouches à oreilles jusqu’à créer un buzz d’estime sur la scène indépendante.

Etabli en trio, le groupe de Brooklyn surfe sur cette réputation méritée avec un Burst apart certes de tous les dangers mais réussi et méritant une plus large audience. Peut-être un rien trop discrète pour exploser à la face du monde, planant en volutes spleenesques, moins tristes, plus rêveuses, dans une sorte de soul électro quelque part entre Portishead et Al Green, marquée par la touchante et plaintive voix/falsetto de Silberman, la musique élégiaque de Burst apart tient la distance avec grâce. Elle vaut vraiment qu’on la découvre.

CHRONIQUE | Le calque Kalkbrenner **

En 1996, le trio allemand Sash revient sur la scène belge avec “Encore une fois”. Avec son gimmick immédiatement identifiable («Mesdames Messieurs, le disc jockey Sash est de retour»), le titre est un hit dans les clubs, les soirées rhétos et les bals de village. Avant de devenir un classique du son dance des années 90 au bon goût discutable.

En 2011, le producteur allemand Paul Kalbrenner répète l’histoire avec «Icke Wieder» («encore moi» en dialecte berlinois). Après le carton absolu du single «Sky and Sand» (disque d’or en Belgique avec plusieurs semaines dans le top 10) et une tournée européenne multipliant les sold-out, le Berlinois revient donc avec le successeur du très relevé «Berlin Calling», BO du film du même nom où Kalkbrenner incarnait DJ Ickarus, maître des platines star et dopé. On avait aimé. 

ON Y ETAIT | Synesthésie germano-nipponneavec Alva Noto et Ryuichi Sakamoto

Rarement on en a pris autant dans la vue et l’ouïe que ce lundi à l’AB. Pourtant, le dispositif scénique d’Alva Noto et Ryuichi Sakamoto défiait jusqu’au Mime Marceau : un piano, une tablette à machines et un écran de LED tout plat tapissant une scène drapée de noir. De quoi sans doute s’assortir au public plus âgé et plus habillé qu’à l’habitude d’une AB complète dans sa configuration théâtre malgré un prix s’approchant des tarifs d’opéras. Une AB où la moquette épaisse remplaçait le tapis de gobelets de plastiques, interdits à l’entrée…

SOIREE | Laissez-vous manipulerpar le généticien Max Cooper au Mirano

Le jour, Max Cooper se drape d'un tablier immaculé pour se plonger dans ses éprouvettes de généticien à l'University College de Londres. La nuit, comme ce samedi au Mirano à Bruxelles pour une soirée Union Match, le jeune Anglais troque ses gants de caoutchouc, ses erlenmeyers et ses lentilles de microscopes pour les potentiomètres, les amplificateurs et les platines des clubs d'Europe. Deux facettes. Deux métiers. Deux univers. Deux disciplines. Mais qui demandent l'une comme l'autre autant de doigté et de science.

Avec son electronica cliquetante peuplée de créatures susurrantes, matelassée et vaporeuse, aux basses atomiques diluées dans une sirupeuse solution mélodique, Max Cooper a fait une entrée remarquée dans les bacs des DJ en remixant les ténors house Hot Chip et les craquantes voix electropop de Au Revoir Simone. Tout ça lui valut de se positionner comme l’un des DJ et remixeurs les plus prometteurs de 2010. Mais ce sont surtout ses productions envoûtantes, plusieurs séries d’EP aux noms évocateurs et aux clips léchés (Chaotisch, Metaphysical, Harmonisch, Gravity’s Rainbow au titre intello emprunté à Pynchon) sortis sur le label de Cologne Traum qui incitent définitivement les esthètes à se pencher sur son patrimoine génétique.

CHRONIQUE | Vous reprendrez bien un p’tit bokeh de Bibio? ***

Dans le jargon photographique, le «bokeh» est cet arrière plan laissé volontairement flou pour mieux isoler le sujet réel du cliché. Le terme convient parfaitement au second album de Bibio sur l’exigeant label Warp. Autant pour le flou qui règne sur les intentions de l’artiste et de son label traditionnellement plus exigeant que pour la grande variété de focales utilisées sur ce «Mind Bokeh». L’Anglais y cadre en effet très large, refusant tout focus sur un genre prédéfini. Délaissant son traditionnel background savant, Bibio élargit même son sujet vers une musique davantage accessible que sur «Ambivalence Avenue», lâché en 2009.

FESTIVAL | Carl Craig et 9 autres noms pour les 10 Days

Le géant de la techno de Detroit Carl Craig emmène la nouvelle sélection de 10 jolis noms présentés par les 10 Days Off de Gand la semaine passée. Le symbole actuel de la techno s'arrêtera donc au 10 Days dans la tournée qu'il mène actuellement pour fêter les 20 ans de son label, le mythique Planet E, né en 1991. Il s'agit pour l'instant de la seule date estivale de Carl Craig chez nous. Et c'est franchement un excellente nouvelle pour tous les amateurs de sons authentiques.

FESTIVAL | Le PaCRock, petit Dour printanier

Le PaCRocK de Pont-à-Celles ouvre la saison des festivals avec son affiche belge et internationale. Comme c'est congé lundi, musique et bière n'en seront que meilleures.

Pas facile pour ce qu'on appelle « un p'tit festival » d'exister à côté des géants estivaux. Pourtant, avec sa huitième édition, le PaCRocK (PaC pour Pont-à-Celles, K en majuscule juste pour faire cool) commence à prendre du poids. Il faut dire qu'en plus d'une météo scandaleuse pour la saison, le rendez-vous hennuyer frime avec une affiche forcément grand public, mais faisant plus que flirter avec l'alternatif. Et comme le lendemain est un lundi férié, la chope n'en sera que meilleure.

LA LONGUE INTERVIEW | Agoria de bibliothèque

Producteur précieux, Agoria s'avance sur la scène électronique française en héritier des barons techno américains et allemands et du parrain français Laurent Garnier. A l'écart des bras levés et des recettes tapageuses de l'electro parisienne, Sébastien Devaud dessine sa route dans le monde de la nuit comme un diamant sur le sillon du vinyle: avec la régularité du beat techno et l'éclectisme du savant.

Des philosophies du dancefloor, il retient l'hédonisme festif, la rondeur des basses, la moiteur de la house et la langueur des boucles rêveuses. Sur son 4e long format, un «Impermanence» qui fera pourtant date, il se réfère aussi aux doctrines organiques, interrogeant les voix, le piano ou les cordes classiques dans un syncrétisme moderne qui convertirait les plus grands infidèles à la religion techno. L'érudit lyonnais nous a dispensé ses théories durant une demi-heure cynique et très lucide sur le monde du disque. Conseils musique et... bouquins.

FESTIVAL | 10 premiers enfants de dune pour les 10 Days Off

Les 10 Days Off de Gand, festival de musique électronique le plus sélectif du pays, vient de présenter ses 10 premiers noms. Et un visuel éblouissant. D'excellentes références qui laissent augurer du meilleur.

Les 10 Days Off de Gand viennent d'annoncer leur 10 premiers noms pour la copie qu'ils remettront du 15 au 25 juillet dans leur antre du Vooruit. De quoi rassurer les plus exigeants des amateurs de musique électronique.

Au line-up pour le moment: la star Richie Hawtin, l'acclamé Jesse Rose, le prodige Nicolas Jaar, le chanteur chilien à la voix de flamme Matias Aguayo, les Français intellos disco Discodéine, le Belge Aeroplane, et puis Laserkraft3D, le producteur dubstep Zomby, Greg Wilson et Martyn.