Reportage à Rennes,
Julien RENSONNET
Un parc des expos, c’est souvent destiné à vendre. Les représentants et les revendeurs s’y échangent des bons plans, voire des millions d’euros, dans des salons de l’auto, des salons de la construction ou des salons de la salle de bain. Une salle de bain, c’était un peu à quoi ressemblait le hall d’accueil des 32e Rencontres Trans Musicales de Rennes, un immense lieu flottant entre les salles de concert, éclairé de bleu, de turquoise et de violet par des lustres méduses louvoyants.
Médusé, on l’est surtout resté devant l’affiche plantureuse, les groupes s’agglutinant au festival rennais comme les cnidaires gluants sur la plage de Blankenberge. Difficile de faire son choix parmi près de 100 groupes répartis sur 3 soirées, 4 halls et 6 salles dans le centre de la capitale rennaise. Sans compter les dizaines de bars où prend place le festival of, mais néanmoins très in, où les belges My Little Cheap Dictaphone, Vismets, Lucy Lucy ou Dan San donnèrent une petite leçon aux étudiants bretons.
Les pros du secteurs, programmateurs et journalistes à qui s’adresse avant tout ce grand supermarché de la musique émergente pour l’année à venir, devront remplir leur caddie dans ces rayons trop fournis. Plus difficile encore que d’obtenir une Heineken au bar, où l’on refuse obstinément de descendre la pompe et de ne la remonter que lorsque le fût est vide. Pour ça aussi, les Belges auraient pu donner la leçon.
Certains sont attendus, inévitables, tels les méduses à Blankenberge, quoi. Il y a Pnau, Gonjasufi, Funeral Party ou MIA. En haut, tout en haut de l’affiche, il y a même Stromae, qui a ébloui avec son show interactif, carburant aux vidéos malignes et au flow calibré. Partout dans la presse française, de Ouest-France aux Inrocks, on écrit élogieusement sur le maigrelet bruxellois aux pulls tricotés. Empereur romain paradant dans l’espace VIP, Stromae attire les regards, sûr de son triomphe. Mais, toujours sympathique, souriant et calme, le Bruxellois n’est jamais avare d’une poignée de main dans un festival où 5 soirs de résidence l’ont placé comme chez lui.
Sur trois soirs alcoolisés, il a donc fallu épurer l’affiche, opter, sélectionner, tamiser, pour ne retenir de tout ce gros sel breton la fine fleur, blanche et pure, sans être jamais à l’abri de l’erreur ou la déception. Voici donc le résultat de notre récolte épuisante en marais salants, à peine entrecoupée de brèves siestes dans les canapés épicés du salon presse. En mots salés.
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