Enfoncé dans un large fauteuil de cuir rouge, David Bartholomé termine son p’tit pain au chocolat. Après une conventionnelle question de bienvenue à laquelle il répond poliment, le chanteur de Sharko nous complimente sur nos baskets. Bariolées et zébrées comme sa tignasse peroxydée, striée de repousses noires. Des couleurs contrastées qui rappellent ce Dance on the Beast, 5e album festif et résolument plus electro que Molecule, sorti en 2006.
Le nouveau Sharko s’assortit donc autant aux humeurs de sa voix et plume qu’à nos pompes. De l’intro Yo Heart «à la Justin Timberlake» à la fantaisie kitsch Horses, qui «fait un peu Patrick Sébastien, style «allez, fiesta, on va s’amuser», avant de se terminer post-rock». De la tension de Never the Same ou 23 Find We Belong à la gravité de Creatures. Du rock grisant de Cinema Tech au Sharko typique de Rise Up ou Head.
«La variété, c’est le pied!», confirme un David Bartholomé, sourire dents blanches comme les majorettes de concours anachroniques de sa pochette. «Comme sur scène. On peut tout faire: ukulélé, electrorock, folk, pop ou metal.» En insistant cette fois sur le côté dansant du son. «Même si je craint d’être réduit à ce côté «dance». Je ne suis ni Justice, ni Daft Punk, ni 2 Many DJ’s. On va pas aller au frontal avec eux.»
D’où la récurrence de l’aspect bestial du calembour du titre, dans les textes surtout. «Je parle des phobies. De la monstruosité de Facebook. Des créatures angoissantes du cinéma. Ou de la vraie vie. Je me souviens d’une soirée jet-set à Paris. Y avait plus personne pour s’étonner de ces femmes siliconées, gonflées au botox. Hideuses. Monstrueuses. Nous, on se balançait des coups de coudes avec des yeux ronds…»
Cynique, David Bartholomé observe. Il ne crache pas dans la soupe, mais ne se fait pas de films. Même si les critiques des dernières toiles pleuvent sur son blog. «Quand je dis: «merde, j’ai foiré le concert» ou «putain, y a des rats dans la loges», ça casse un peu le mythe. La maison de disques râle un peu. Elle dit que je brise le rêve. Mais bon, je suis fatigué de vendre un milieu rock avec champagne, putes et drogue. Tout le monde n’est pas heureux dans la musique. Y a la dèche, le malheur.»
Bartholomé boxe bien. Le gaillard possède le meilleur jeu de langue du rock wallon. Grande gueule, pas petite Beast.
Interview et vidéo: Julien RENSONNET
Montage: Gérard ROBAYE
+ Sharko, Dance on the Beast, 62TV/Bang!
+ Sharko live @ Pacrock (2/5), Nuits du Bota (13/5), Aéronef Lille (18/6), Les Ardentes (12/7)
+ www.myspace.com/sharkobelgium
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