Premier avril dans la campagne du Brabant Flamand. En arrivant dans la chambre de luxe où Bob Sinclar nous reçoit, on lui suggère un poisson d’avril. Mais le DJ superstar refuse. Gentiment, mais fermement. « T’imagines pas ! Les gens vont se dire : mais y fout quoi, Bob Sinclar. J’ai une image, moi. ». Bob Sinclar n’est pas un thon. Son image, il y tient au moins autant qu’à son bronzage de 2be3. Cintré dans une gabardine militaire marine aux épaulettes ornées de fanions italiens, il ne cache d’ailleurs pas un léger narcissisme. Son album de reggae, relecture jamaïcaine de ses plus grands tubes, Bob veut le voir « passer à la postérité ». Et ça, c’est pas un poisson d’avril. Ce qui ne l’empêche pas d’aller à la pêche entre ses orteils comprimés, lorsqu’il jette au pied de son fauteuil des bottillons de cuir tout neufs, pas encore prêtés à ses petons dorés comme
des fish sticks. « Faut bien se faire beau pour rencontrer la presse ».
Rencontre avec un requin des affaires, l’un des plus gros poissons des dancefloors français.
Pourquoi le reggae ?
Pour beaucoup de raisons. Faut pas présenter le truc comme un album : c’est un best of. J’avais déjà fait des compiles, mais si j’avais fait un vrai best of, ça aurait été une succession de tubes. Ça aurait fait « le mec, putain, il a plus rien à dire, quoi ». J’avais cette idée depuis que je suis allé en Jamaïque et rencontré Gary Payne avec qui j’ai fait "Love Generation". J’ai rencontré des gens incroyables, un vivier de talents, des gens qui vivent pour la musique et la danse. Cette musique n’est jamais vulgaire, enrobée d’artifice, ce n’est que de la joie, que du bonheur, que du soleil. J’ai dit à Gary : « Je me sens des affinités avec cette musique, de part mes orientations vocales. Je veux travailler avec Sly & Robbie, les producteurs mythiques. Eux, c’est Quncy Jones, Grace Jones, Nina Simone, Serge Gainsbourg, Bob Marley, des monstres de la musique. Ça fait 40 ans qu’ils sont dans la musique, z’ont bossé avec tout le monde. Même des DJ’s, comme David Moralès. Moi, je voulais revenir à des racines musicales. Donc je vais refaire mes chansons acoustiques, avec vraie batterie et vraie basse. On va essayer de produire cet album comme Serge Gainsbourg quand il est allé en 1968 à Kingston. J’ai toujours des instincts, comme ça. C’est ça la carrière d’un artiste : les instincts.
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